LE LIVRE
Après le Printemps berbère d’avril 1980, les émeutes du 5 octobre 1988, la désobéissance civile de juin 1991 suivie d’une décennie de violences meurtrières et la répression, en juin 2001, du « printemps noir » en Kabylie, l’Algérie semblait s’être assoupie.
La société algérienne s’est brusquement réveillée un certain jour de février 2019 pour dire haut et fort son rejet du pouvoir : le Hirak (le « mouvement ») venait de débuter. Pendant près d’un an, chaque vendredi, des millions d’Algériens allaient manifester, jusqu’à ce que la pandémie de Covid les oblige à suspendre leurs marches.
Puis, le 26 février 2021, les manifestations ont repris. 56 semaines durant, Algériens et Algériennes ont marché tous les vendredis dans les grandes artères des villes du pays, criant à l’unisson leur brûlante envie de voir partir un pouvoir dont ils dénonçaient l’autoritarisme, la corruption et l’incompétence, et leur refus de continuer à être gouvernés par un clan mafieux qui avait eu l’ultime audace de tenter de reconduire à la tête de l’État, pour la 5e fois, un président impotent.
Ce sont ces jours qui sont ici pris comme objet d’analyse, pour tenter à la fois de comprendre de quoi ce présent est le signe, de saisir les soubassements qui en sont à l’origine et de tenter de mettre leurs dynamiques en perspective.
L'AUTEUR
Abderrahmane Moussaoui a enseigné à l’Université d’Oran avant de rejoindre, en 2000, le département d’anthropologie de l’Université de Provence qu’il a dirigé de 2005 à 2007. Depuis 2012, il est professeur en anthropologie à l’UFR d’anthropologie de sociologie et de science politique à l’université de Lyon 2 et chercheur au Laboratoire d’anthropologie des Enjeux contemporains (LADEC). Il a notamment publié De la violence en Algérie. Les lois du chaos (Actes Sud, 2002).